Pourquoi as-tu choisi de devenir IESSA ?

J’ai choisi ce métier car il allie d’une part ma passion pour le monde de l’aéronautique, et d’autre part mon intérêt pour la technicité et la maintenance des systèmes techniques. Depuis le plus jeune âge j’ai toujours éprouvé une grande curiosité en ce qui concerne le fonctionnement des systèmes qui nous entourent et il est très important dans ce métier d’avoir une bonne connaissance de nos systèmes pour pouvoir diagnostiquer tout dysfonctionnement.

Quel a été ton parcours de formation ?

Après un BAC S option Sciences de l’ingénieur, j’ai effectué deux années de classe préparatoire PCSI-PSI* au lycée Joffre de Montpellier, avant de passer et réussir le concours IESSA de l'École Nationale de l'Aviation Civile(ENAC). Après 3 années de formation et de spécialisation en radionavigation et radiocommunication, j’ai commencé ma carrière à l’aéroport de Bordeaux Mérignac.

Peux tu me décrire une journée de travail type ? Quelles sont tes activités principales ?

Il est assez difficile de décrire une journée type dans ce métier car il est très varié, certains jours par exemple je peux être amené à effectuer une maintenance préventive sur le système d’atterrissage aux instruments (ILS). Cela consiste en une série de mesures et de tests pour vérifier que le système fonctionne, qu’il donne une information intègre et qu’il est capable de s’autosurveiller correctement. D’autres journées seront rythmées par des taches de fond de mon service, rédaction de documentation technique, participation à des réunions de service ou à des réunions préparatoires pour des projets de modernisation de systèmes, etc… Une partie de mon travail consiste également à superviser les systèmes de la sécurité aérienne en temps réel, lorsque l’on prend le rôle de superviseur technique de permanence, nous sommes responsables du maintien en condition opérationnelle de tous les systèmes de notre service.

Peux tu nous décrire le profil idéal pour être IESSA ?

• Quelles sont les compétences nécessaires ?
Outre les compétences techniques, le travail en équipe est primordial. Il faut savoir communiquer sur ce que l’on fait et coopérer avec ses collègues. Notamment nos collègues contrôleurs aériens.

• Quelles qualités faut-il avoir ?
Savoir faire preuve de sang-froid, ne pas se précipiter, faire preuve d’une rigueur scientifique et avoir le sens de l’organisation et de la méthode. En un mot , savoir s’adapter en permanence et être prêt à faire face à toutes les éventualités.

• Quels sont les traits de caractère incompatibles avec ton métier ?
Les personnes qui aiment travailler seuls en totale autonomie et communiquent peu avec leurs collègues, ne peuvent exercer ce métier. Tout comme ceux qui n’aiment pas la technique et le fait de toucher directement aux systèmes. Notre métier est particulièrement technique et il est important d’avoir une appétence pour ça.

Quels sont tes outils de travail ?

• Appareils ?
Nous utilisons une importante quantité d’appareils de mesures pour contrôler nos systèmes. (Générateur de signaux, analyseur de spectre, Récepteur ILS/VOR, Sonde de puissance, Sonde DME, Analyseur de Réseau, etc…)

• Vehicules ?
En effet, comme on se déplace régulièrement sur des sites distants nous avons à notre disposition des véhicules d’intervention spécialement équipés pour pouvoir circuler sur l’aire de manœuvre d’un aéroport (peinture, gyrophare, radio), et chaque IESSA de mon service suit une formation à la conduite sur l’aire de manœuvre et les procédures radio. On a également deux véhicules spécialement équipés avec une antenne amovible pour effectuer des mesures pistes sur le système d’atterrissage aux instruments.



• Informatique et logiciels ?
Nous utilisons évidemment beaucoup d’ordinateurs au quotidien avec des logiciels métiers développés en local dans le centre ou au niveau national. Par exemple, dans le cadre de mon projet de fin d’étude j’ai développé avec un collègue un logiciel de paramétrage et d’assistance aux mesures pour nos équipements radio, ce logiciel sera utilisé à la fois en local mais également par d’autres services techniques en France.

• Outils de communication et de télécommunications ?
En radiocommunication, les systèmes de transport de données sont cruciaux, nous utilisons par exemple des faisceaux hertziens et des architectures LAN ou WAN.

Quels outils et technologies utilisez-vous régulièrement dans la conception et la maintenance des systèmes de sécurité aérienne ?

Pour le développement logiciel en C# je suis amené à utiliser Microsoft Visual Studio, pour la conception des IHM de supervision nous avons des logiciels de supervision qui se nomment PANORAMA et ADER. Et pour la maintenance des systèmes nous avons des outils fournis par les constructeurs tels que des rallonges de cartes électroniques, cartes points de tests, etc.

Comment collabores-tu avec d'autres professionnels de la plateforme aéroportuaire ?

Nous communiquons très régulièrement avec nos collègues contrôleurs aériens qui sont les utilisateurs de nos systèmes. Le superviseur technique est en lien direct avec le chef de tour de contrôle afin de coordonner les maintenances préventives mais également de dépanner les éventuels soucis techniques qui impactent le travail des contrôleurs aériens, notre but évidemment est qu’il y en est le moins possibles, et que leur impact soir le plus faible possible. Mais nous collaborons également avec de nombreux personnels de la plateforme : Pompiers, personnel de l'aéroport, BGTA, Meteo France, etc.

Quelles sont les conditions particulières liées à l'exercice du métier, notamment

• Les horaires de travail ?
Lorsque nous sommes en horaires classiques, on travaille 4 jours par semaine de 8h30 à 17h30. Lorsque l’on est superviseur, on entre dans un cycle de 2 semaines et demie ou l’on travaille 12 heures par jour de 7h30 à 19h30 comme suit :

Semaine 1 : Lundi, mardi, samedi, dimanche (jours fériés compris)
Semaine 2 : Mercredi, jeudi, vendredi
Semaine 3 : Repos lundi et mardi

A partir de mercredi de la semaine 3 on repasse en horaires classiques à 36h par semaine. Et l’on effectue entre 4 et 7 cycles comme celui-ci par an.

En tout cas ce mode de fonctionnement est valable dans mon centre, et en 2024, il y a autant d’organisations du temps de travail que de centres en France presque.

• Les déplacements (à la journée ou plusieurs jours ?)
Je me déplace parfois à la journée sur des sites distants (10/15 fois par an environ) ainsi que sur plusieurs jours, en général ce sont des missions de 3 jours du mardi au jeudi et il y en a entre 3 et 5 par an par agent en fonction du volontariat. On se déplace régulièrement pour suivre des formations également afin de maintenir notre niveau de connaissance à jour.

• Une réglementation particulière ?
Nous détenons une autorisation d’exercice pour pouvoir intervenir sur les systèmes de la sécurité aérienne qui doit être renouvelée tous les 3 ans, pour renouveler une AE il faut justifier d’un nombre suffisant d’intervention sur un système, à défaut il faut suivre une formation spécifique sur le système en question pour renouveler l’AE.

Ton métier a-t-il une influence sur l'organisation de votre vie personnelle ?

Oui dans le sens ou je peux être amené à travailler pendant des jours fériés ou un weekend complet, mais on a quand même la chance d’avoir un métier qui octroi pas mal de temps libre comme l’on travaille 4 jours par semaine. Pour l’équilibre vie pro/vie perso je trouve que ce métier est intéressant.

Quels sont les principaux conseils que tu donnerais à un étudiant aspirant à travailler dans le domaine de la sécurité aérienne en tant qu'ingénieur électronicien ?

S’intéresser au métier, poser des questions à des IESSA et préparer le concours IESSA en faisant beaucoup d’annales me semble être la meilleure facon de nous rejoindre. Il est également possible de demander à un IESSA de visiter un service technique, la plupart d'entre nous serons ravis de vous présenter nos matériels et de peut être faire naitre de nouvelles vocations.