Témoignages
Retrouvez dans cette page les témoignages d'IESSA actuellement en poste
Philippe BROCHET - Responsable Formation ISESA à l'ENAC
Comment se déroule la formation au sein de l’ENAC?
La première année apporte essentiellement des enseignements généraux très techniques: électronique, informatique, réseau, signal (…). La seconde année est plutôt axée sur les systèmes de l’aviation civile avec lesquels les IESSA travaillent, comme par exemple la radionavigation (aides à l’atterrissage), les radars (position de l’avion), la radiocommunication, réseaux, plans de vol (…). La troisième année est constituée d’un stage sur site d’affectation.
Quels sont les différents stages durant la formation?
La formation ISESA est particulière pour cela : il y a 5 stages.
Un stage de pilotage d’avion,
un stage d’anglais intensif (3 semaines à l’étranger),
un stage en aéroport (avions en approche),
un stage dans un Centre en Route (CRNA, avions « en route » = croisière)
le stage d’affectation (la troisième année).
De l’opérationnel à l’instruction
Sorti de la formation IESSA à l’ENAC en 2001, Philippe est affecté au Centre en Route de la Navigation Aérienne Nord à Athis-Mons, en spécialité Cautra (calculateurs plans de vol) pour la région parisienne. Ensuite il a demandé une mutation pour enseigner l’ENAC à Toulouse. Depuis 2020, il est devenu responsable de la formation ISESA à l’ENAC.
Pourquoi avoir choisi le métier d’IESSA ?
J’ai choisi le métier d’IESSA pace que j’étais intéressé par la technique, l’informatique. Certains collègues sont intéressés par l’aviation et les deux sources d’interêt font un mélange très profitable à la profession.
Comment intégrer la formation ?
On peut intégrer la formation ISESA à la suite d’un concours avec un bac +2 scientifique (3 ans de formation) ou un bac +5 scientifique (2 ans de formation). On obtient un grade de master à l’issu de la formation. Les deux premières années de formation se déroulent à l’ENAC, la troisième année dans le centre où vous serez affecté (avec PFE). Élève puis stagiaire, la formation est rémunérée. L’emploi est garanti à l’obtention du diplôme.
Qu’apporte la formation et comment se déroule la carrière?
La titularisation (fonctionnaire, catégorie A) fait suite au PFE et à un test en réel sur des systèmes techniques dans le centre d’affectation du jeune IESSA. La mobilité est autorisée à partir de 7 ans dans le premier poste, vers un autre centre et/ou une autre spécialité technique. On peut devenir instructeur à l’ENAC ou en centre opérationnel, on peut devenir encadrant (équipe et/ou projet) ou encore expert technique. Cette diversité de métiers permet de se renouveler, sans mobilité forcée.
Olivier BEUILLÉ - Service Navigation Aérienne - Sud Ouest - Aéroport de Bordeaux-Mérignac - Radionavigation et Radiocommunication
Son métier
Ingénieur Systèmes (Radionavigation, Radiocommunication)
Son parcours
- 2018-2020 : Prépa PCSI-PSI* au Lycée Joffre de Montpellier
- 2020 : Admis au concours IESSA
- 2021 : Stage au CRNA Ouest et au SNA SSE (Aéroport de Marseille Provence)
- 2022 : Affectation au SNA-SO (Aéroport de Bordeaux-Mérignac), spécialisation en radionavigation et radiocommunication et projet de fin d’études
- 2023 : Titularisation dans le corps des IESSA
Pourquoi as-tu choisi de devenir IESSA ?
J’ai choisi ce métier car il allie d’une part ma passion pour le monde de l’aéronautique, et d’autre part mon intérêt pour la technicité et la maintenance des systèmes techniques. Depuis le plus jeune âge j’ai toujours éprouvé une grande curiosité en ce qui concerne le fonctionnement des systèmes qui nous entourent et il est très important dans ce métier d’avoir une bonne connaissance de nos systèmes pour pouvoir diagnostiquer tout dysfonctionnement.
Quel a été ton parcours de formation ?
Après un BAC S option Sciences de l’ingénieur, j’ai effectué deux années de classe préparatoire PCSI-PSI* au lycée Joffre de Montpellier, avant de passer et réussir le concours IESSA de l’École Nationale de l’Aviation Civile(ENAC). Après 3 années de formation et de spécialisation en radionavigation et radiocommunication, j’ai commencé ma carrière à l’aéroport de Bordeaux Mérignac.
Peux tu me décrire une journée de travail type ? Quelles sont tes activités principales ?
Il est assez difficile de décrire une journée type dans ce métier car il est très varié, certains jours par exemple je peux être amené à effectuer une maintenance préventive sur le système d’atterrissage aux instruments (ILS). Cela consiste en une série de mesures et de tests pour vérifier que le système fonctionne, qu’il donne une information intègre et qu’il est capable de s’autosurveiller correctement. D’autres journées seront rythmées par des taches de fond de mon service, rédaction de documentation technique, participation à des réunions de service ou à des réunions préparatoires pour des projets de modernisation de systèmes, etc… Une partie de mon travail consiste également à superviser les systèmes de la sécurité aérienne en temps réel, lorsque l’on prend le rôle de superviseur technique de permanence, nous sommes responsables du maintien en condition opérationnelle de tous les systèmes de notre service.
Peux tu nous décrire le profil idéal pour être IESSA ?
Quelles sont les compétences nécessaires ?
Outre les compétences techniques, le travail en équipe est primordial. Il faut savoir communiquer sur ce que l’on fait et coopérer avec ses collègues. Notamment nos collègues contrôleurs aériens.
Quelles qualités faut-il avoir ?
Savoir faire preuve de sang-froid, ne pas se précipiter, faire preuve d’une rigueur scientifique et avoir le sens de l’organisation et de la méthode. En un mot , savoir s’adapter en permanence et être prêt à faire face à toutes les éventualités.
Quels sont les traits de caractère incompatibles avec ton métier ?
Les personnes qui aiment travailler seuls en totale autonomie et communiquent peu avec leurs collègues, ne peuvent exercer ce métier. Tout comme ceux qui n’aiment pas la technique et le fait de toucher directement aux systèmes. Notre métier est particulièrement technique et il est important d’avoir une appétence pour ça.
Quelles sont les conditions particulières liées à l’exercice du métier, notamment
Les horaires de travail ?
Lorsque nous sommes en horaires classiques, on travaille 4 jours par semaine de 8h30 à 17h30. Lorsque l’on est superviseur, on entre dans un cycle de 2 semaines et demie ou l’on travaille 12 heures par jour de 7h30 à 19h30 comme suit :
Semaine 1 : Lundi, mardi, samedi, dimanche (jours fériés compris)
Semaine 2 : Mercredi, jeudi, vendredi
Semaine 3 : Repos lundi et mardi
A partir de mercredi de la semaine 3 on repasse en horaires classiques à 36h par semaine. Et l’on effectue entre 4 et 7 cycles comme celui-ci par an.
En tout cas ce mode de fonctionnement est valable dans mon centre, et en 2024, il y a autant d’organisations du temps de travail que de centres en France presque.
Les déplacements (à la journée ou plusieurs jours ?)
Je me déplace parfois à la journée sur des sites distants (10/15 fois par an environ) ainsi que sur plusieurs jours, en général ce sont des missions de 3 jours du mardi au jeudi et il y en a entre 3 et 5 par an par agent en fonction du volontariat. On se déplace régulièrement pour suivre des formations également afin de maintenir notre niveau de connaissance à jour.
Une réglementation particulière ?
Nous détenons une autorisation d’exercice pour pouvoir intervenir sur les systèmes de la sécurité aérienne qui doit être renouvelée tous les 3 ans, pour renouveler une AE il faut justifier d’un nombre suffisant d’intervention sur un système, à défaut il faut suivre une formation spécifique sur le système en question pour renouveler l’AE.
Quels sont les principaux conseils que tu donnerais à un étudiant aspirant à travailler dans le domaine de la sécurité aérienne en tant qu’ingénieur électronicien ?
S’intéresser au métier, poser des questions à des IESSA et préparer le concours IESSA en faisant beaucoup d’annales me semble être la meilleure façon de nous rejoindre. Il est également possible de demander à un IESSA de visiter un service technique, la plupart d’entre nous serons ravis de vous présenter nos matériels et de peut être faire naitre de nouvelles vocations.
Quels sont tes outils de travail ?
Appareils ?
Nous utilisons une importante quantité d’appareils de mesures pour contrôler nos systèmes. (Générateur de signaux, analyseur de spectre, Récepteur ILS/VOR, Sonde de puissance, Sonde DME, Analyseur de Réseau, etc…)
• Vehicules ?
En effet, comme on se déplace régulièrement sur des sites distants nous avons à notre disposition des véhicules d’intervention spécialement équipés pour pouvoir circuler sur l’aire de manœuvre d’un aéroport (peinture, gyrophare, radio), et chaque IESSA de mon service suit une formation à la conduite sur l’aire de manœuvre et les procédures radio. On a également deux véhicules spécialement équipés avec une antenne amovible pour effectuer des mesures pistes sur le système d’atterrissage aux instruments.
Informatique et logiciels ?
Nous utilisons évidemment beaucoup d’ordinateurs au quotidien avec des logiciels métiers développés en local dans le centre ou au niveau national. Par exemple, dans le cadre de mon projet de fin d’étude j’ai développé avec un collègue un logiciel de paramétrage et d’assistance aux mesures pour nos équipements radio, ce logiciel sera utilisé à la fois en local mais également par d’autres services techniques en France.
Outils de communication et de télécommunications ?
En radiocommunication, les systèmes de transport de données sont cruciaux, nous utilisons par exemple des faisceaux hertziens et des architectures LAN ou WAN.
Quels outils et technologies utilisez-vous régulièrement dans la conception et la maintenance des systèmes de sécurité aérienne ?
Pour le développement logiciel en C# je suis amené à utiliser Microsoft Visual Studio, pour la conception des IHM de supervision nous avons des logiciels de supervision qui se nomment PANORAMA et ADER. Et pour la maintenance des systèmes nous avons des outils fournis par les constructeurs tels que des rallonges de cartes électroniques, cartes points de tests, etc.
Comment collabores tu avec d’autres professionnels de la plateforme aéroportuaire ?
Nous communiquons très régulièrement avec nos collègues contrôleurs aériens qui sont les utilisateurs de nos systèmes. Le superviseur technique est en lien direct avec le chef de tour de contrôle afin de coordonner les maintenances préventives mais également de dépanner les éventuels soucis techniques qui impactent le travail des contrôleurs aériens, notre but évidemment est qu’il y en est le moins possibles, et que leur impact soir le plus faible possible. Mais nous collaborons également avec de nombreux personnels de la plateforme : Pompiers, personnel de l’aéroport, BGTA, Meteo France, etc.
Ton métier a-t-il une influence sur l’organisation de votre vie personnelle ?
Oui dans le sens ou je peux être amené à travailler pendant des jours fériés ou un weekend complet, mais on a quand même la chance d’avoir un métier qui octroi pas mal de temps libre comme l’on travaille 4 jours par semaine. Pour l’équilibre vie pro/vie perso je trouve que ce métier est intéressant.
Samuel GONNY - Service Navigation Aérienne - Océan Indien - Aéroport de Saint Denis Rolland Garros - Radionavigation et radiocommunication
Son métier actuel
Ingénieur de maintenance, spécialisé radio/radionavigation
Son parcours
- 1999 : baccalauréat S-SVT
- 1999-2001 : DUT GEII
- 2001-2002 : prépa ATS Diderot (paris 19)
- 2002-2005 : ENAC IESSA promotion 2002
- 2015 : création de devenir-iessa.fr
- 2004-2017 : Affectation en subdivision radio-téléphone au CRNA Nord (Athis-Mons)
- 2017-2025 : Expert Sénior ATM au SNA Antilles Guyane, en Martinique. Spécialiste Seaflight
- 2025 – aujourd’hui : Ingénieur de maintenance radio/radionavigation au SNA Océan Indien – La Réunion.
Anne-laure ERMANI
Quelles sont les principales évolutions de votre métier ?
Je ne suis en poste que depuis 8 ans, mais j’observe déjà un changement, lié à l’évolution des systèmes, à l’arrivée de nouvelles personnalités et à une plus grand ouverture vers nos partenaires étrangers. Le métier de superviseur évolue davantage vers l’analyse et la gestion des dysfonctionnements et situations dégradées, la coordination d’activités programmées ou non – avec nos divers interlocuteurs en salle de contrôle ou extérieurs – afin d’assurer et de s’assurer du maintien de la sécurité et de la continuité de service. De nouvelles perspectives s’ouvrent aussi : l’encadrement, par exemple…
Son parcours
- 2003-2005 : Prépa intégrée à Sofia-Antipolis
- 2005 : reçue au concours IESSA
- 2006 : stage au CRNA sud ouest
- 2007 : stage au SNA Sud-Est et affectation au CRNA Nord (Athis-Mons, 91)
- 2011 : obtention de la qualification technique supérieure et détachement dans la subdivision Instruction
- 2015 : obtention du poste d’Instructeur Licence
- 2016 : assistante de subdivision Instruction à Orly
Aviez-vous une réelle vocation pour devenir électronicienne ?
Pas spécialement ! Et encore moins dans l’aviation civile, bien que le domaine de l’aviation m’attire depuis l’enfance. J’ai découvert le concours IESSA par hasard pendant mes études en électronique et informatique, grâce à un étudiant d’une promotion précédente qui l’avait réussi et quittait notre cursus pour intégrer l’École Nationale de l’Aviation Civile.
Vous travaillez sur le nouveau projet RENAR-IP. De quoi s’agit-il ?
RENAR est le réseau historique de la navigation aérienne pour les échanges entre les centres de contrôle. Il permet de diffuser des informations relatives aux plans de vol, aux données radar ; support de la messagerie aéronautique (NOTAM, messages d’alertes et météo). RENAR-IP, basé sur une technologie modernisée et sécurisée, va offrir une plus grande capacité de transport de données, d’évolutivité et d’interopérabilité, notamment avec nos partenaires européens.
Finalement, qu’est ce qui vous attire le plus dans ce métier ?
C’est un métier humainement très enrichissant et intéressant. Nous travaillons souvent en équipe et sommes en permanence en contact avec d’autres IESSA, des contrôleurs aériens, des partenaires étrangers… La communication fait partie de ce métier grâce auquel nous échangeons beaucoup, et c’est ce qui m’attire le plus. Par exemple, nous avons reçu récemment une délégation saoudienne et des collègues suisses dans le cadre d’un échange sur la formation. et puis, comme les métiers des IESSA sont très variés, je pourrai dans le futur m’orienter vers d’autres activités : sur une plate-forme aéroportuaire, dans la qualité de service… les perspectives sont nombreuses !
Fabien MAUREL
Et pour le futur ?
Je me sens bien dans mes fonctions aujourd’hui, mais vu les possibilités qui nous sont offertes de pouvoir bouger tant géographiquement (en métropole ou dans les DOM et les COM) que fonctionnellement (faire de l’opérationnel, du management, de la formation…), je ne m’interdis pas d’évoluer dans les prochaines années.
Un parcours classique :
- BAC et BTS électronique + prépa ATS au lycée Louis Rascol à Albi
- 2002 : Intégration de la promotion IESSA 02A
- 2003 : Stage à la DTI
- 2004 : Stage au CRNA/SE et affectation à la Maintenance Régionale Ajaccio
- 2008 : Obtention de la Qualification Technique Supérieure
- 2009 : Chargé de Formation et QST/DO
Comment as tu connu le concours IESSA ?
Par le bouche à oreille. Les IESSA du Service de la Navigation Aérienne (Direction de l’Aviation Civile à l’époque) Sud venaient faire de la maintenance préventive sur l’ILS (Instrument Landing System) de l’aéroport d’Albi (81). C’est à l’occasion d’une de ces maintenances que j’ai pu découvrir une partie de leur métier.
Quelle a été ton évolution professionnelle depuis ton affectation ?
Les premières années de mon affectation, j’ai été chargé de l’installation, la configuration et la maintenance des équipements des plateformes d’Ajaccio et Figari, ainsi que des sites isolés (antennes radio, balises pour les aéronefs…) associés. Dans une petite entité comme la Maintenance Régionale Ajaccio nous sommes amenés à effectuer des interventions sur tous types d’équipements et sur différents sites, tant en MO qu’en MS. Je me suis toutefois spécialisé dans le domaine des transmissions de données (visualisation radar, réseaux, télécommunications radio et téléphone…)
A l’occasion de la construction d’une nouvelle vigie à Ajaccio, j’ai été détaché de 2006 à 2009 afin de participer à toute la phase d’installation, de la phase d’étude jusqu’à la mise en service le jour J, de cette nouvelle tour de contrôle.
Depuis 2009, j’ai une double casquette. D’un côté je suis chargé de formation au profit des IESSA de toute la Corse, de l’autre, j’assure les fonctions de Qualité de Service Technique et Disponibilité Opérationnelle en lien avec la Direction des Opérations.
